Guide des matières textiles

Les matières qui composent nos vêtements sont divisées en 2 grandes familles : les fibres végétales et les fibres chimiques. La production de la plupart de ces fibres est généralement désastreuse pour l’environnement (utilisation de produits chimiques dangereux, déversement d’excrément toxiques et rejet d’eaux usées dans la nature…) ou synonyme de maltraitance animale (conditions d’élevage déplorables, techniques de tonte, d’arrachage de poils ou de plumage violentes).

Pour s’informer sur l’origine et la production des matières textiles, on peut se fier aux labels ou privilégier des fibres telles que le lin ou le chanvre qui sont des matières très écologiques. 

Matières végétales, animales, synthétiques, chimiques, artificielles, biologiques… Il est difficile de s’y retrouver. Cet article vous aide à y voir plus clair et à décrypter les matières mentionnées sur les étiquettes de vos vêtements. 

Dans un premier temps, il est important de distinguer les deux grandes familles de matières : les fibres naturelles et les fibres chimiques.

Que sont les fibres naturelles ?

Les fibres naturelles sont présentes à l’état de fibres (laine, coton, lin) ou de filaments (soie) dans la nature. Ces fibres sont ensuite nettoyées et travaillées afin de remplir leur fonction textile.

Parmi les fibres naturelles se trouvent les fibres végétales et les fibres animales

LES FIBRES ANIMALES

Dans cette catégorie, on retrouve :

  • Les peaux, c’est-à-dire le cuir (de vache, de mouton, d’agneau…)
  • Les poils, c’est-à-dire la laine (de mouton, de lapin, d’alpaga…)
  • Les sécrétions, autrement dit la soie, fabriquée par la bave d’araignée ou de papillon

Cette production de fibres animales se fait souvent au détriment du bien-être des animaux, qui sont élevés pour l’industrie textile et sont souvent maltraités : 

  • Plumage des oies et canards à vif
  • Arrachage des poils de lapins angora à vif
  • Techniques de tonte violentes des animaux à laine
  • Conditions déplorables des élevages des animaux à fourrure

En parallèle, ces élevages ont un impact négatif sur l’environnement 

  • Utilisation de produits chimiques pour éviter la putréfaction des corps morts des animaux dans les élevages
  • Utilisation de substances dangereuses pour traiter la fourrure (aussi dangereuses pour la santé des employés) 
  • Déversement des excréments des visons contenant du phosphore dans les cours d’eau (causant des émissions d’oxyde d’azote et d’ammoniac) 
  • Chargement de produits toxiques dans le cuir pour éviter sa décomposition 
  • Rejet des eaux usées et des déchets solides provenant des tanneries dans les rivières ou à proximité des champs 

Cependant, de nombreuses initiatives engagées ont fleuri afin de lutter contre ces dérives.

La fourrure animale est par exemple de plus en plus dévalorisée. Selon un sondage réalisé en 2021, 90% des français s’opposent à son commerce (1) et plusieurs maisons de couture revendiquent le boycott de cette matière, comme la créatrice Stella McCartney ou les marques Chanel, Gucci ou encore Balenciaga.

LES FIBRES VÉGÉTALES

Dans cette catégorie, on retrouve les fibres extraites :

  • De graines comme le coton
  • De tiges comme le lin ou le chanvre
  • De la sève comme le latex

L’empreinte carbone de ces matières est très différenciée : certaines sont produites dans le plus grand respect de l’environnement et d’autres ont un impact particulièrement important sur les écosystèmes. 

Commençons par les matières durables :

  • Le chanvre est actuellement la matière naturelle la plus écologique sur le marché du textile car elle ne pollue à aucune étape de sa production. Par sa forte résistance, le chanvre ne nécessite pas (ou très peu) l’utilisation de pesticides ou d’engrais lors de sa culture. 
  • Le lin est aussi une fibre jugée écologique car sa culture est peu gourmande en eau et en pesticides. La plante de lin pousse naturellement grâce à la chaleur du soleil et à l’eau de pluie, elle ne requiert donc aucune irrigation. Les étapes de production, elles aussi, consomment peu d’énergie. Seul problème : l’envoi de la matière depuis la France vers la Chine ou l’Inde pour sa transformation. Suite à cette transformation, les vêtements sont revendus à des pays européens. Une pièce peut donc parcourir beaucoup de kilomètres avant de trouver son propriétaire.

Le coton, en revanche, est une fibre végétale au lourd impact environnemental.

Le cotonnier étant une plante fragile, l’utilisation d’engrais, pesticides et insecticides est indispensable à sa production. Pour vous faire une idée : la culture du coton occupe 3% des surfaces cultivées mondiales, mais consomme 25% des insecticides utilisés dans le monde (2).

Par ailleurs, le cotonnier est une plante très gourmande en eau : 10 000 litres sont nécessaires pour produire 1kg de coton. Le coton est amené parfois a beaucoup voyagé lors de toutes les étapes de production. Par exemple, un schéma classique donnerait ce trajet : culture en Inde, filage en Europe, tissage aux États-Unis, confection en Inde de nouveau et commercialisation en Europe. Les vêtements de cotons sont donc aussi très consommateurs de CO2. Pour réduire l’empreinte carbone de nos vêtements en coton, il est possible de privilégier le coton biologique et le coton recyclé.

Que sont les fibres chimiques ?

Les fibres textiles chimiques sont obtenues par la transformation chimique d’une matière et n’existent pas dans la nature. Deux sortes de fibres chimiques sont à distinguer : 

  • Les fibres artificielles sont fabriquées à partir de matières existantes dans la nature qui sont transformées chimiquement. On y retrouve par exemple le viscose et le lyocell.
  • Les fibres synthétiques sont fabriquées totalement par voie chimique à partir de pétrole ou de plastique recyclé. On y retrouve par exemple le polyester, le polyamide, l’acrylique ou l’elasthanne. 

LA PRODUCTION DE CES FIBRES EST NÉFASTE POUR L’ENVIRONNEMENT

Les procédés de fabrication de ces deux types de fibres chimiques ont un impact négatif sur l’environnement

Les fibres artificielles sont très gourmandes en eau et en plants naturels. Par exemple, il faut environ 1kg de fibres naturelles pour obtenir 400g de fibres viscoses régénérées (3). La production de viscose participe ainsi à la déforestation. Les produits chimiques nécessaires à la transformation des fibres naturelles en viscose sont aussi dangereux pour les personnes qui les manipulent. 

Les fibres synthétiques sont énormément utilisées dans l’industrie textile. Par exemple, le polyester est la matière la plus produite. Or, 70% de ces fibres proviennent du pétrole.

Ce modèle de production rencontre une première limite majeure : le pétrole n’est pas une ressource infinie. On estime qu’il sera épuisé d’ici 54 ans alors qu’1,5kg de pétrole sont nécessaires à la fabrication d’1kg de polyester (4). Pour ne rien arranger, cette ressource fossile émet énormément de gaz à effet de serre.

Mais l’impact environnemental de ces matières ne s’arrête pas à sa production : pendant leur lavage, les vêtements en fibres synthétiques libèrent des micro-plastiques qui terminent dans les eaux de rinçage, et donc inévitablement dans les océans. 

Une fois dans les eaux usées, ces micro-plastiques se rassemblent pour former de plus grosses particules qui sont invisibles à l’oeil nu. Les animaux marins, ne pouvant pas les détecter, les ingèrent et les conservent dans leur organisme.

Pire encore, ces micro-plastiques finissent dans nos propres organismes lorsque l’on mange des produits de la mer. En plus des poissons, on retrouve ces particules dans le sel : 90% du sel utilisé à des fins alimentaires contient des micro-fibres et des micro-particules plastiques (5). 

Heureusement, il existe des alternatives à ces matières gourmandes en ressources afin de consommer de manière plus responsable.

Les labels comme gages de confiance

Pour s’habiller de façon éthique et s’assurer que nos vêtement ont une faible empreinte carbone, on peut se fier à certains labels

LES LABELS PERMETTENT DE GARANTIR LA QUALITÉ D’UN PRODUIT

Un label est une marque, délivrée par un organisme, qui garantit la qualité, l’origine et/ou les conditions de fabrication d’un produit destiné à la vente. Autrement dit, le label permet de nous éclairer sur le niveau d’éco-responsabilité d’un vêtement. Un label ne permet cependant pas de contrôler l’entièreté de la chaîne de production et ne garantit que certains aspects du vêtement : la consommation d’eau, les matières premières utilisées, l’empreinte carbone résultant de la production…

IL EXISTE DIFFÉRENTS TYPES DE LABELS

Certains labels sont plus connus et fiables que d’autres, en voici une sélection : 

  • Le label Oeko-Tex certifie des produits sans substances toxiques pour l’homme et l’environnement
  • Le label Fair Wear Foundation certifie des conditions de travail équitables pour les travailleur.euse.s du textile
  • Le label GOTS certifie des conditions de travail dignes, le respect de l’environnement et la non-atteinte à la santé des personnes qui portent le vêtement.
  • Le label B-Corp évalue les pratiques des entreprises afin de certifier qu’elles se conforment à des exigences sociales et environnementales
  • Le label Global Recycled Standard (GRS) certifie le contenu recyclé d’un produit et aussi le respect des critères environnementaux et sociaux

Afin de limiter son empreinte carbone textile, il est possible de prêter attention aux matières qui composent nos vêtements. En privilégiant des matières en fibres végétales, on s’assure que la production de nos vêtements est écologique. Les labels sont aussi le moyen de s’assurer que nos habits sont fabriqués de manière éthique. 

(1) IFOP

(2) OMS

(3) https://www.wedressfair.fr/matieres/viscose-procede-lyocell

(4), (5) https://www.wedressfair.fr/blog/c-est-quoi-le-probleme-des-fibres-synthetiques

Partager cet article :

Articles similaires